Le syndrome de Diogène, trouble psychologique caractérisé par une accumulation compulsive d’objets, une négligence extrême de l’hygiène et un isolement social, est en augmentation dans le département de l’Essonne (91). Avec une population de près de 1,3 million d’habitants, l’Essonne est confrontée à une recrudescence de signalements, notamment dans des communes comme Évry-Courcouronnes, Corbeil-Essonnes, Massy et Étampes. Les chiffres montrent une progression alarmante de ce phénomène, mettant en lumière des enjeux de santé publique, d’accompagnement social et de gestion des logements insalubres.
Un phénomène en hausse dans les grandes communes
En 2024, les services sociaux de l’Essonne ont recensé 280 cas de syndrome de Diogène, contre 210 cas en 2020, soit une augmentation de 33 % en seulement quatre ans. Parmi ces signalements, les grandes villes du département sont les plus concernées. À Évry-Courcouronnes, qui compte plus de 70 000 habitants, près de 50 cas ont été signalés en 2024, principalement dans des logements sociaux où les conditions de vie sont précaires. À Corbeil-Essonnes, le nombre de cas a également augmenté, atteignant 35 signalements en 2024, contre 25 en 2020, reflétant une dynamique similaire.
Des villes plus petites comme Étampes, qui compte environ 25 000 habitants, ne sont pas épargnées, avec 10 signalements enregistrés en 2024. Les travailleurs sociaux y soulignent la difficulté de détecter les cas dans des zones rurales, où les logements sont souvent isolés et où les occupants échappent plus facilement aux radars des services sociaux. Massy, en revanche, avec ses 50 000 habitants et sa forte densité urbaine, a enregistré près de 20 cas, en majorité liés à des personnes âgées vivant seules dans des immeubles anciens.
Des profils récurrents et des facteurs aggravants
Les personnes atteintes du syndrome de Diogène en Essonne présentent des profils similaires à ceux observés ailleurs en France. Selon une étude départementale réalisée en 2023, 65 % des cas concernent des personnes âgées de plus de 65 ans, dont 80 % vivent seules. Parmi ces personnes, 60 % sont propriétaires de leur logement, ce qui retarde souvent la détection des situations critiques, car elles ne bénéficient pas d’un suivi régulier des bailleurs sociaux. À Draveil et Viry-Châtillon, où respectivement 8 et 12 cas ont été signalés, les travailleurs sociaux notent une prévalence accrue chez les personnes souffrant de troubles psychiatriques sous-jacents, tels que la dépression ou les troubles obsessionnels compulsifs (TOC).
L’isolement social, aggravé par la précarité économique dans certaines communes, est un facteur clé. Par exemple, dans le sud du département, des villes comme Grigny et Ris-Orangis, où les taux de pauvreté sont parmi les plus élevés de l’Essonne, ont enregistré un total combiné de 25 signalements en 2024. Ces cas concernent souvent des logements déjà précaires, ce qui accentue les risques d’insalubrité et de dégradation rapide.
Les coûts pour les collectivités locales
Le coût des interventions liées au syndrome de Diogène représente un fardeau croissant pour les collectivités et les bailleurs sociaux en Essonne. En moyenne, le débarras et la remise en état d’un logement insalubre dans le département coûtent entre 4 000 et 6 000 € par intervention. À Évry-Courcouronnes, les bailleurs sociaux estiment avoir dépensé plus de 200 000 € en 2024 pour traiter 35 cas graves, incluant des frais de nettoyage extrême, de gestion des déchets et de réparations des logements.
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Dans les communes rurales comme Étampes et Dourdan, où les services municipaux disposent de budgets plus limités, les coûts sont encore plus problématiques. À Dourdan, un cas particulièrement grave signalé en 2023 a nécessité une intervention de plusieurs semaines et a coûté près de 10 000 €, en raison de l’ampleur des travaux nécessaires pour réhabiliter le logement. Ces dépenses mobilisent des ressources déjà limitées et ralentissent parfois la prise en charge d’autres problématiques sociales.
Le rôle des voisins dans la détection
Dans un département aussi diversifié que l’Essonne, où la densité de population varie considérablement entre les zones urbaines et rurales, les voisins jouent un rôle crucial dans la détection des cas de syndrome de Diogène. À Massy, par exemple, 40 % des signalements en 2024 provenaient de voisins, souvent alertés par des nuisances comme des odeurs persistantes ou la prolifération de nuisibles. À Grigny, où les relations de voisinage sont parfois tendues dans certains quartiers, les signalements sont souvent tardifs, ce qui complique les interventions des services sociaux.
Pour encourager des signalements bienveillants et réduire les tensions, des campagnes de sensibilisation ont été lancées dans des villes comme Corbeil-Essonnes et Viry-Châtillon. Ces initiatives visent à informer les habitants sur les causes du syndrome de Diogène et à promouvoir une approche respectueuse et non stigmatisante envers les personnes concernées.
Des initiatives locales pour répondre au défi
Plusieurs communes de l’Essonne ont développé des initiatives pour mieux gérer les cas de syndrome de Diogène. À Évry-Courcouronnes, un programme pilote lancé en 2023 associe des travailleurs sociaux, des psychologues et des entreprises spécialisées dans le nettoyage extrême. En 2024, ce programme a permis de traiter 20 cas graves, avec un taux de succès de 75 %, mesuré par la stabilisation des conditions de vie des occupants. À Massy, une équipe mobile pluridisciplinaire a été mise en place pour intervenir rapidement après un signalement, avec une prise en charge globale incluant un suivi psychologique.
Dans des communes plus petites comme Étampes et Arpajon, les mairies ont renforcé leur collaboration avec des associations locales, telles qu’Emmaüs ou les Petits Frères des Pauvres, pour offrir un accompagnement aux personnes isolées. Ces efforts commencent à porter leurs fruits, mais les ressources restent limitées face à l’augmentation des cas.
Perspectives pour l’Essonne
Face à la progression du syndrome de Diogène, l’Essonne doit intensifier ses efforts pour détecter et traiter ces situations complexes. En 2025, le département prévoit d’augmenter de 15 % le budget alloué aux services sociaux et aux interventions de réhabilitation des logements insalubres. Des formations spécifiques pour les travailleurs sociaux et les professionnels de santé seront également déployées pour améliorer la détection précoce des cas.
Avec des populations vieillissantes et des disparités économiques importantes, l’Essonne est confrontée à un défi majeur. La mise en place d’une stratégie coordonnée entre les communes, les bailleurs sociaux et les associations locales sera essentielle pour limiter l’impact de ce trouble sur la santé publique et la cohésion sociale.