À Grabels, dans l’Hérault, les résidents d’un immeuble du quartier Le Caducée vivent un véritable calvaire. Depuis plusieurs années, ils doivent faire face à une prolifération inquiétante de nuisibles : punaises de lit, cafards, blattes et même des rongeurs. Malgré les alertes répétées lancées à la mairie, au syndic et aux propriétaires, la situation semble hors de contrôle.
Dans l’un des logements, un habitant désespéré tente de se protéger comme il peut. Avec du ruban adhésif, il a calfeutré portes et fenêtres pour empêcher l’intrusion des insectes. Sur sa table, une dizaine de flacons de produits chimiques témoignent de ses tentatives pour éradiquer les envahisseurs. “On ne devrait pas avoir à vivre comme ça”, déplore-t-il, excédé. Malgré les démarches entreprises auprès des autorités sanitaires et administratives, rien n’a réellement changé.
Un mal-être quotidien dans des logements insalubres
Plusieurs résidents pointent du doigt la situation de certains voisins vivant dans des conditions d’hygiène déplorables. Ils estiment que l’origine de l’invasion pourrait venir de logements laissés à l’abandon ou occupés par des personnes en grande difficulté sociale. “Il y a des cas extrêmes dans l’immeuble, et ces personnes ont besoin d’être aidées, pas laissées dans cette misère”, s’indigne une habitante.
Parmi les témoignages, celui de Quentin, un jeune père de famille, est particulièrement poignant. Ancien sans-abri, il affirme n’avoir jamais vu une telle concentration de nuisibles, même dans les foyers d’urgence où il a vécu. Il s’inquiète aujourd’hui pour la santé de son fils en bas âge et pour le bébé que sa compagne s’apprête à mettre au monde. “Ma femme passe la serpillière trois fois par jour, mais ça ne suffit pas. Les cafards passent par les gaines techniques, on ne peut pas les arrêter.”
Les punaises de lit et les cafards : bien plus qu’une gêne, un danger sanitaire
Au-delà de la simple nuisance, ces insectes représentent un risque sanitaire réel. Les punaises de lit, bien qu’elles ne transmettent pas de maladies, provoquent des démangeaisons intenses, des troubles du sommeil et parfois des réactions allergiques sévères. Leur présence peut aussi engendrer un profond mal-être psychologique, allant jusqu’à la dépression ou à la phobie des insectes.
Les cafards et blattes, quant à eux, sont de véritables vecteurs de germes. Ils peuvent contaminer les aliments et les surfaces avec des agents pathogènes responsables de gastro-entérites, de salmonelloses ou d’infections respiratoires. Ils laissent derrière eux des excréments et des mues qui favorisent l’apparition d’asthme, en particulier chez les enfants.
Enfin, les souris et rats, lorsqu’ils s’introduisent dans les logements, sont porteurs de maladies graves telles que la leptospirose, la salmonellose ou encore la maladie de Weil. Leur présence dans une résidence est un signal d’alerte sur les failles d’hygiène collective et la nécessité d’intervenir rapidement.
Une mobilisation timide des acteurs concernés
Face à l’ampleur du problème, le centre communal d’action sociale a invité les résidents à signaler leur situation via Histologe, une plateforme de l’État dédiée aux signalements de logements indignes. Le syndic de copropriété, Foncia, aurait également été sollicité à de nombreuses reprises sans réponse concrète jusqu’à la parution médiatique de l’affaire.
Sous la pression, Foncia affirme aujourd’hui avoir organisé une campagne de désinsectisation étendue à toute la copropriété, financée par la collectivité des copropriétaires. Deux dates d’inspection ont été programmées à l’automne 2024, permettant de vérifier 76 appartements sur les 122 que compte l’immeuble. Toutefois, 42 logements n’ont pu être inspectés, faute de présence des résidents ou à cause d’un refus d’accès.
Des résultats contestés et des zones d’ombre
Selon le syndic, seules deux infestations de punaises de lit auraient été officiellement confirmées et traitées. L’entreprise mandatée n’aurait pas constaté de présence de cafards avérée. De son côté, Foncia reconnaît tout de même que neuf appartements inspectés présentaient un état d’hygiène particulièrement préoccupant. L’entreprise se dit consciente des situations de précarité de certains habitants, mais précise que son rôle se limite à la gestion technique de la copropriété, sans pouvoir d’intervention directe dans les cas sociaux, sauf à ce que les autorités compétentes soient mobilisées.
Un besoin criant de coordination entre acteurs
Pour les résidents, cette réponse est loin d’être suffisante. Ils réclament une intervention globale et coordonnée, mêlant hygiène, accompagnement social et traitement des nuisibles. Car les punaises de lit, les cafards et les rongeurs ne disparaîtront pas tant que les foyers d’infestation ne seront pas identifiés et traités à la racine.
Et au-delà des murs de cette résidence, cette affaire met en lumière un problème de santé publique plus large. L’augmentation des infestations d’insectes nuisibles en France est une réalité préoccupante, touchant aussi bien les logements sociaux que les copropriétés privées, souvent dans un contexte de précarité ou d’isolement des habitants. Un enjeu que les collectivités ne peuvent plus se permettre d’ignorer.
Source : France Bleu
